Hommage à Moraene Roberts

Moraene Roberts 1953-2020

Militante de Grande Bretagne

Moraene Roberts, née en 1953, poétesse, chercheuse, et militante des Droits de l’Homme, est décédée paisiblement le 12 janvier 2020 à Homerton Hospital, Hackney, entourée par ses enfants.

Mère et grand-mère adulée, voisine très aimée et amie de si nombreuses personnes, son départ sera rudement ressenti. Son expérience directe de la pauvreté et du handicap physique a nourri sa voix, une voix unique qui impressionnait ceux qui l’entendaient, de quelque milieu social fussent-ils.

Moraene a rencontré ATD Quart Monde en 1990 et en est devenue rapidement une figure clé.

En 2019, Moraene a décrit ce qu’elle avait ressenti après avoir subi des décennies de pauvreté toute seule, et en ayant par la suite construit des liens forts avec d’autres dans la même situation :

« La pauvreté t’ôte la maîtrise de ta propre vie. Tous les services que tu contactes ont leur mot à dire sur ta vie, comme si nous ne pouvions pas parler pour nous-mêmes et comme si nous ne pouvions qu’échouer. […] Souvent nous sommes tellement abattus par cette situation que nous finissons par l’accepter. Mais quand tu vois d’autres souffrir, tu t’indignes de ce qu’on leur fait. Tu commences à chercher des gens qui puissent t’aider. C’était vraiment une lutte ; c’était vraiment un combat pendant des années et des années. Plus qu’un combat, c’était une rage : comment osent-ils imposer tout cela sur nous et ensuite nous le reprocher ? Peu à peu, tu peux surmonter cette rage mais pas toute seule. Sentir qu’on est avec d’autres nous donne du courage. […] Je pense que c’est important de rechercher ceux qui sont les plus exclus, d’être une chance pour eux et d’apprendre d’eux. On a tous besoin d’un lieu où on se sent nous-mêmes sans que quelqu’un porte atteinte à notre dignité. […] Toute ma vie, je me suis battue contre la pauvreté et la discrimination — mais ‘se battre’ et ‘contre’ sont des mots de violence. A la fin, ce sont des personnes que tu combats. Maintenant j’ai appris de nouvelles manières d’en finir avec la pauvreté, de nouveaux outils, des mots nouveaux. J’ai appris le langage du partage de la paix dans nos vies. »

En anglais : vidéo de Moraene